Comme vous l'avez constaté, la séquence politique ouverte hier soir est totalement inédite. Elle emportera de très larges conséquences en France, et en Europe compte tenu des résultats cumulés, par pays et par parti, et des tendances qui se dessinent dans les futurs équilibres des Institutions communautaires.
Au-delà des résultats, particulièrement nets au niveau de la carte électorale lorsqu'on prend en compte le nombre de départements où le RN est en tête, le taux de participation s'établit à 51,5%, en légère hausse par rapport à 2019 (50,12%).
Au niveau européen, tout d'abord, vous trouverez ICI la liste détaillée par parti des euro-députés français au Parlement Européen.
  • La France revient ! (RN) : 31,37% des suffrages exprimés (30 sièges)
  • Besoin d'Europe (Renaissance) : 14,60% (13 sièges)
  • Réveiller l'Europe (PS-Place publique) : 13,83%  (13 sièges)
  • La France insoumise - Union populaire (LFI) : 9,89% (9 sièges)
  • La droite pour faire entendre la voix de la France en Europe (LR) : 7,25% (6 sièges)
  • Europe écologie (EELV) : 5,50% (5 sièges)
  • La France fière (R !) : 5,47% (5 sièges). 
 
Sans surprise, les trois plus grands partis politiques au plan européen resteront :
 
  • Le PPE, 185 sièges, dont la plus grande délégation sera allemande (les LR après avoir refusé de soutenir la candidature de Ursula Von der Leyen, perdent 2 sièges et un peu plus d’influence au sein du plus grand parti européen).
  • S&D, 137 sièges, va connaître un rééquilibrage interne au profit des pays du Sud de l’Europe, à savoir l’Espagne, L’Italie et la France.
  • Renew, 79 sièges, est le principal perdant de ces élections avec des défaites en France, en Roumanie et en Estonie (à cela s’ajoute la volonté d’exclure le VVD néerlandais et éventuellement le parti Tchèque qui pourrait choisir un autre groupe).
     
Les partis eurosceptiques, nationalistes, classés à l'extrême droite, consolident leur présence dans les principaux pays européens tels que l’Allemagne, l’Espagne, l’Italie et la France. En outre, les divisions croissantes entre les délégations nationales au sein des groupes seront susceptibles d'entraîner des majorités différentes sur chaque question politique, ce qui conduira à une grande incertitude lorsqu’il s’agira d’anticiper les votes.
 
Dans le détail :
 
    - PPE - Groupe du Parti populaire européen (démocrates-chrétiens) : 185 sièges
  • S&D - Groupe de l'Alliance progressiste des socialistes et démocrates au Parlement européen : 137 sièges
  • Renew Europe - Groupe Renew Europe : 79 sièges
  • ECR - Groupe des Conservateurs et Réformistes européens : 73 sièges
  • ID - Groupe Identité et démocratie : 58 sièges
  • Verts/ALE - Groupe des Verts/Alliance libre européenne : 52 sièges
  • The Left - Le groupe de la gauche au Parlement européen - GUE/NGL : 36 sièges
  • NI - Non-inscrits : 46 sièges
  • Autres - Nouveaux élus sans appartenance à un groupe politique du Parlement sortant : 54 sièges.
 
En termes de calendrier prévisionnel, dans les grandes lignes :
 
  • du 10 juin au 15 juillet : Formation et structuration des groupes politiques, élection des présidences, fixation des priorités politiques, choix des places en commissions
  • du 16 au 19 juillet : Session plénière constitutive du Parlement Européen, élection de la présidence du Parlement, et validation potentielle du candidat (e) à la présidence de la Commission Européenne (en cas d'échec, report à la session de Septembre, du 16 au 19/09).
  • de Juillet à Octobre : audition des candidats-Commissaires et élection du collège des Commissaires.
  • De Septembre à Novembre : présentation de "l'agenda stratégique 2024 - 2029"
  • 1er décembre : entrée en fonction du nouveau Président (e) du Conseil Européen
 
Au niveau français :
  • Le Président de la République a annoncé la dissolution de l’Assemblée Nationale, ce qui conduira à la formation d’un nouveau gouvernement courant juillet, les deux tours des élections législatives étant fixés au 30 juin et au 7 juillet.
  • Le décret de dissolution étant paru, l’Assemblée Nationale élue en 2022 n’est plus en place. Les travaux parlementaires ne redébuteront qu’à la mi-juillet et selon un ordre du jour à totalement redéfinir. Les textes qui étaient en cours d’examen ou programmés ont par conséquent un horizon particulièrement incertain.
  • Le Sénat, quant à lui, reste le même et la dissolution n'a aucune conséquence sur sa composition ni sa présidence.
  • Pour les législatives à venir, les candidatures devront être déposées le 16 juin au plus tard - les temps de parole des partis étant décomptés à partir de demain matin.
  • Calendrier des prochaines semaines : élections législatives les 30 juin et 7 juillet ; début de la XVIIème législature le 8 juillet ; 1ère séance publique le 18 juillet (session extraordinaire) ; fin de la session le jeudi 1er août.
     
De manière générale, toute projection sur des futures décisions françaises et/ou européennes est à ce stade totalement prématurée compte tenu du degré actuel des incertitudes politiques. Mieux vaut éviter les spéculations qui ne feraient qu'ajouter de la confusion : nos entreprises et leurs salariés attendent des mesures solides dans un environnement stable et prévisible.
 
En termes de cap, il convient, selon Mobilians, de souligner que nul n’échappera au principe de réalité autour de quelques points essentiels :
 
La situation budgétaire du pays, qui croule sous une dette dépassant les 3.000 milliards d’euros, rend indispensable et prioritaire une vigoureuse réforme de l’action publique. Quiconque engagerait des réformes coûteuses sans prendre en compte cette dimension, exposerait la France à un risque majeur.
 
De manière complémentaire, une politique de l’offre visant à soutenir les entreprises, la seule à même de créer la croissance nécessaire à notre pays, doit être confirmée dans l'objectif de ramener les prélèvements obligatoires sur les entreprises - notamment les impôts de production - au niveau de la moyenne européenne. En dépend la compétitivité des entreprises françaises, condition de restauration de notre souveraineté économique.
 
Au-delà d’une baisse du coût du travail et des charges sociales qui pèsent sur les entreprises et les salariés, la valeur travail doit retrouver toute sa place, et servir de boussole à des réformes qui doivent viser des effets tangibles, massifs et rapides. En particulier, la réflexion engagée sur les simplifications administratives - le poids des normes étant un véritable boulet - mais aussi sur l'éducation comme sur la formation professionnelle - clefs de la transformation du pays - doit être accéléré.
 
La trajectoire de décarbonation de notre économie doit être poursuivie. Mais, comme l'a préconisé Mobilians avec constance, "dans le bon sens" - c'est-à-dire en veillant prioritairement à la soutenabilité économique et à l'acceptation sociale. Ce qui implique, notamment, de prendre des décisions pragmatiques, aux plans européen et français, en mesurant au préalable les effets pour en adapter les calendriers de mise en œuvre et les mesures d’accompagnement.
 
Enfin, la promotion d'une politique européenne forte et cohérente doit être clarifiée dans un double contexte de risques géopolitiques majeurs et d'une intensification de la concurrence mondiale.
Autant de points - il y en a beaucoup d'autres - sur lesquels Mobilians apportera sa contribution pour représenter l'intérêt général de notre secteur, central dans l'économie et la mobilité des Français et des Européens.
Nous rencontrerons naturellement les euro-députés en ce sens, comme les futurs députés, dès le mois de juillet.
 
Très cordialement,
Xavier HORENT
Délégué Général